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 lectures échiquéennes

Portrait de Dames: Laurie Delorme

Dernière mise à jour : 15 janv. 2021


Aujourd’hui nous rencontrons Laurie Delorme avec qui nous allons découvrir son engagement au sein de son club, mais aussi parler de jeunesse, de famille et de l’importance de la féminisation dans les postes de responsabilités des clubs. Son parcours brillant est un véritable modèle pour tous les jeunes passionnés:

Joueuse professionnelle entre 2006 et 2014, elle obtient le titre de Maître international Féminin en 2011, La même année elle est sacrée Championne de France par équipe.

Laurie est actuellement présidente du club Marseille-Échecs.


Ses atouts : une grande capacité à travailler en équipe, un leadership naturel et incontestable.


Nous aimerions présenter ton parcours échiquéen. Tu es Marseillaise d’adoption, de quelle région viens-tu ?

- J’ai grandi dans le Val-de-Marne entre Créteil, Alfortville et Maisons-Alfort. Je suis arrivée à Marseille à 22 ans, recrutée en tant que joueuse et animatrice.


A quel âge as-tu commencé les échecs ?

- Vers 9 ans.


Comment y es-tu venue ?

- Par le hasard et la générosité. La compagne de mon père était bénévole au club de Créteil. Elle ne jouait pas elle-même mais avait décidé de consacrer de son temps pour que d’autres puissent jouer. Un jour je l’ai accompagnée, ce n’était pas vraiment prévu, et elle m’a dit « tu t’assoies là et tu ne dis rien ». Ce que j’ai fait. Sauf que la présidente, Maud Désandré, s’est assise à côté de moi et a entrepris de m’apprendre les bases du jeu ! Je ne me souviens plus si ce fut l’effet de surprise ou le geste magnifique de partage de cette dame, mais j’ai été tout de suite conquise.


Te rappelles-tu ton premier tournoi et à quel âge ?

- Ce devait être les qualifications jeunes du Val-de-Marne et j’ai dû faire un seul point ! J’avais vraiment l’impression de débarquer sur une autre planète sans trop savoir ce que je faisais là. J’ai commencé à émerger vers 13 ans. J’ai pris conscience des possibilités du jeu, je me suis fixée des objectifs et c’est ainsi que j’ai rattrapé peu à peu les autres joueuses de ma catégorie et joué quelques compétitions nationales et internationales.

Tu es très engagée auprès des jeunes. Selon toi quel est le meilleur âge pour initier les enfants ?

- Dès la moyenne section de maternelle, vers 5 ans donc, les enfants peuvent développer une certaine vision du jeu, sans pour autant mener une partie de bout en bout. Cette vision peut vraiment aider à accélérer la progression – notamment tactique - par la suite. L’apprentissage des règles se fait assez rapidement et s’accélère vers 8 ans avec un intérêt naissant pour la compétition. J’ai aussi pu observer que la vision tactique semble se développer plus lentement après 12 ans. Ça reste une généralité, En définitive la clef est le travail et la motivation : tout dépend donc de l’enfant, de sa maturité et sa détermination.

J’ai aussi pu observer que la vision tactique semble se développer plus lentement après 12 ans. Ça reste une généralité, En définitive la clef est le travail et la motivation : tout dépend donc de l’enfant, de sa maturité et sa détermination.

Y a-t-il une différence de motivation entre fille et garçon ?

- Oui et ça semble normal puisque nous évoluons dans un monde essentiellement organisé par et pour les hommes.

Il ne faut pas oublier qu’au départ, on jouait aux échecs dans les cafés et les clubs privés fermés aux femmes. Notre fédération a toujours été dirigée par un homme et une (trop) grande majorité des structures sont dirigées par des hommes.

Les choses changent mais le climat ambiant fait naturellement naître la motivation chez les garçons plus que chez les filles. Il semble donc essentiel aujourd’hui de favoriser un maximum la mixité, sans forcément entrer dans une logique de quotas mais plutôt dans l’idée que les femmes accèdent à plus de postes à responsabilités. Dans les clubs, à la fédération et aussi en tant qu’organisatrices de tournois pour que leurs visions comptent et agissent peu à peu sur le monde des échecs.

Il y a une tranche d’âge chez l’ enfant où la progression est importante.

Pour la majorité c’est d’abord l’envie de bien faire et le besoin d’identification qui vont être un moteur naturel pour s’investir.

L’esprit de compétition vient après alors sans ce prérequis-là, on peut penser que ce sont des années de perdues pour les filles qui jouent sans trouver de modèles à suivre.

Un point important serait de rendre plus visible et valoriser les femmes qui évoluent dans ce milieu à tous niveaux afin d’en inspirer d’autres ! La présence de filles en attire de nouvelles, un moyen d’être plus attractif est donc bien d’augmenter la visibilité des joueuses.

J’aime ce défi de mettre à la disposition de tous les marseillais une offre distrayante, éducative, formatrice

Quel a été l’élément déclencheur qui t’a donné envie de t’engager dans le management de club ?

- Ça s’est fait très naturellement.

Le Grand Maître Yannick GOZZOLI et moi avons été recrutés par Marseille-Échecs en 2006, d’abord pour y jouer. J’en profite pour rendre hommage à Dominique METRAS, notre actuel président d’honneur, qui à l’époque a été très investi sur la réussite sportive du club. Très vite, Yannick et moi avons décelé le potentiel de développement sous exploité des échecs dans une ville si grande, avec si peu de clubs et surtout de licenciés.


L’équipe en place était en fin de contrat et ne semblait pas motivée pour développer le club et le jeu alors je me suis dit, « Je le fais ». Et j’ai pris les choses en main.


Qu’est ce qui est motivant quand on mène un aussi grand club ?

- Ce n’est pas tant la taille du club qui me plait. C'est la ville, son histoire, ses difficultés. Marseille est immense en étendue, en proie à des disparités sociales et culturelles gigantesques. Les échecs y sont en concurrence avec d’autres activités autrement plus ancrées dans la tradition que nos plateaux de bois et nos pièces. J’aime ce défi de mettre à la disposition de tous les marseillais une offre distrayante, éducative, formatrice, à côté du foot ou de la natation.

Pas le choix : à Marseille-Échecs, on ne craint pas d’essayer certaines idées, quitte à les abandonner si on se plante. C’est notre ADN. Innover, tenter. Être au plus près des réalités de cette ville pour faire rayonner notre jeu le plus possible. Le manager général actuel et co-dirigeant du club, William AZARI, vient du milieu du football et porte cette identité dans tout le club. Toute une équipe de salariés et de bénévoles l’entoure et partage cette façon de se comporter en équipe justement.

...à Marseille-Échecs, on ne craint pas d’essayer certaines idées, quitte à les abandonner si on se plante. C’est notre ADN. Innover, tenter.

Quelles sont tes ambitions pour le club ?

- Au plan sportif, j’espère que nous parviendrons à décrocher un titre de champion de France par équipes chez les jeunes et que nous resterons parmi les meilleures équipes françaises chez les adultes.

Nous souhaitons un secteur jeunes compétitif et qui sera un tremplin vers le haut-niveau. L’accompagnement de nos jeunes après 16 ans est donc aussi important pour nous que nos résultats chez l’élite.

A l’échelle locale notre objectif est d’atteindre rapidement les 500 adhérents licenciés A, nous avons déjà atteint les 250 l’année dernière malgré le confinement. Un enjeu à l’échelle de la ville de Marseille est de proposer un club par arrondissement et pourquoi pas un par quartier. Je sais que le chemin est encore long…

Le staff pédagogique du club – William AZARI, Laurie DELORME, Nasser MZEMBABA, Guillaume PHILIPPE, Hoan NOIREAUT et Yohann MARINIER

 

On ne fait pas que jouer ou apprendre à jouer ?

- Un club d’Echecs est avant tout un lieu où l’on se retrouve pour jouer aux échecs et éventuellement s’entraîner si on le souhaite. Améliorer les conditions d’accueil et de jeu a donc été une priorité. Mais nous concevons notre rôle plus largement. Par exemple, nous favorisons les moments d’échanges et de convivialité. Les créneaux d’entraînements sont scrupuleusement établis pour favoriser les rencontres inter-niveaux, inter-âges, nous avons systématiquement des moments de battement entre les cours pour inciter les personnes à jouer ensemble et à mieux se connaître, pour mieux se comprendre… Les échecs portent des valeurs de solidarité et de compréhension mutuelle.

Les créneaux d’entraînements sont scrupuleusement établis pour favoriser les rencontres inter-niveaux, inter-âges

On vient pour jouer, certes, mais aussi pour apporter d’autres choses. On vient à Marseille-Échecs, avec son bagage quel qu'il soit et pour pouvoir s'y sentir bien, chacun doit accepter les règles communes (signées par chaque adhérent).

L’animation sociale joue un rôle essentiel pour que le "vivre ensemble" existe vraiment !


A l’échelle d’un club, chacun doit pouvoir contribuer à modeler son fonctionnement pour que la structure soit adaptée à tous et équitable.


Nous favorisons la participation et la contribution de chaque adhérent, particulièrement les publics fragiles ou éloignés de la pratique sportive. C’est aussi une des missions les plus difficiles … Les adhérents peuvent proposer de créer des commissions sur des thèmes qui n’ont parfois rien à voir avec le jeu.


Tu as un diplôme d’État Supérieur de Direction de Structure et de Projet. Est-ce que tu penses que la gestion de club et association en 2021 est la même que dans les années 2000 ?

- J’ai la sensation qu’il y a de moins en moins de bénévoles. C’est un statut qui se perd et qui est insuffisamment valorisé. Notre mode de vie a changé. La consommation de loisirs est multiple ce qui limite les gens à s’investir hors de leur sphère intime.

La professionnalisation du sport (et de l’animation) a assez bien évolué et malheureusement le milieu des Échecs n’a pas su se développer au même rythme que les autres disciplines.

La gestion administrative s’est simplifiée en termes d’outils mais est devenue plus contraignante, particulièrement pour les demandes de subventions.

La professionnalisation du sport (et de l’animation) a assez bien évolué et malheureusement le milieu des Échecs n’a pas su se développer au même rythme que les autres disciplines. De nombreux outils sont disponibles mais la Fédération aujourd’hui ne guide pas suffisamment les clubs. Nous sommes noyés sous les informations ce qui est compliqué lorsque l’on est bénévole et/ou insuffisamment formé.

Avec l’équipe de parents bénévoles lors du Championnat PACA Jeunes 2020 à Marseille

 

Pour faire celui de mon club j’ai été contrainte de travailler avec les grilles d’évaluation d’autres disciplines (football/basketball) en adaptant certains critères au milieu échiquéen. Globalement la période de diagnostic m’a pris 3 mois de plus que pour les autres élèves de ma promo du DESJEPS. Dans d’autres disciplines, leur fédération propose même plusieurs actions types en fonction du résultat du diagnostic, par secteur de développement... On en est loin.

À partir du moment où il n’existe pas de formation professionnalisante avec à la clef un diplôme reconnu par l’état, on pourra estimer que ce n’est pas suffisant.

Les structures d’encadrement des clubs sont-elles suffisantes ou une évolution serait-elle nécessaire ?

- Il n’y a pas de profil type de club en France et même parmi les clubs les plus développés, il n’y en a pas deux qui se ressemblent.

A partir du moment où il n’existe pas de formation professionnalisante avec à la clef un diplôme reconnu par l’état, on pourra estimer que ce n’est pas suffisant. Ce qui ne veut pas dire que ce qui est fait actuellement n’est pas bien. Nous sommes une des disciplines sportives où nous avons les meilleurs intervenants, entraîneurs et dirigeants «amateurs». L’encadrement semble adapté pour le moment mais risque probablement d’être insuffisant en cas de développement rapide du jeu d’Échecs.


Les clubs et associations sportives sont-ils suffisamment considérés dans notre société actuelle ?

- Disons que le récent placement du budget de la jeunesse et du sport sous la houlette ministérielle de l’Éducation Nationale résume assez bien la considération de nos disciplines dans le monde actuel…faible.


Que pourrait-on améliorer pour intéresser davantage à faire partie d’un club ?

- Je pense que c’est important de développer la pratique loisirs et l’aspect social mais aussi de proposer aux personnes des avantages en termes d’offres (Diversification, tarifs préférentiels…).

Pourquoi pas, par exemple proposer des tarifs réduits sur les stages vacances et des accès à des services réservés aux membres à tarifs intéressants : aides aux devoirs, master classes, cours particuliers, prêts de livres etc…

L’équipe de TOP Jeunes 2018-2019 emmenée par Kevin TERRIEUX et Didier COLLAS lors de la phase à Marseille

 

Qu’est-ce qui serait envisageable pour une municipalité de faire pour aider à la promotion des activités en club.

- Bonne question à laquelle je n’ai pas de réponse complète ! Disons qu’en règle générale les clubs pêchent sur la communication externe, la mairie pourrait aider en communiquant plus sur notre discipline en tant qu’activité sportive de club, sur les évènements organisés ou en supportant une campagne de sensibilisation. Le financement d’actions pouvant toucher un grand nombre de personnes pourrait donc faire partie des soutiens possibles.


Parmi les parents qui viennent inscrire leur enfant pour la première fois, est-il possible de déterminer le nombre de ces enfants qui ont envie par eux-mêmes de venir jouer ? Ou est-ce simplement une volonté éducative des parents ?

- Il y a une petite proportion d’enfants qui arrivent avec un désir d’en faire en club. Dans quasiment tous les autres cas, ce sont les parents qui en font la démarche. Effectivement un jeu d’Échecs et une inscription en club sont très abordables mais … progresser, faire des tournois … non ! Nous avons un rôle à jouer à ce niveau-là et il me semble que la plupart des clubs que je croise ne laissent pas d’enfants de côté et essaient d’aider au maximum les jeunes les plus démunis.

Le rôle des échecs ne pourrait-il pas être un moteur et un exemple d’inclusion sociale ?

- Un des rôles oui bien sûr comme je l’ai déjà expliqué. Les règlements prévoient comment permettre cette inclusion lors des compétitions. Pour être un moteur et un exemple il semble important d’améliorer l’anticipation et de moderniser la logistique. Accompagner les clubs pour mieux évaluer les besoins (Dans le cadre des organisations de tournois mais aussi dans le cadre de l’accueil - Le module handicap est un bon début mais reste encore trop peu utilisé). Il y a aussi une modernisation à avoir en termes de matériel et d’image, dans d’autres disciplines le matériel dédié est ergonomique mais aussi moderne.


Nous lançons l'idée:

- Une section réservée aux parents qui souhaitent s'initier avec leurs enfants au jeu d'échecs (loisir) pour partager une activité et renforcer leurs liens familiaux.

- Dans l’idée, oui. Je ne sais pas si la mise en place d’une section au sein d’un club serait réellement productive sur une saison entière. Par contre adapter des formules courtes (bimensuelles, trimestrielles...) pourquoi pas. Une fois initiés, les parents pourraient avoir une place à part entière dans les clubs .

Il y a surement beaucoup d’autres idées à avoir pour faire pratiquer ensemble parents et enfants ! Mais aussi la place des grands-parents est très importante et cela pourrait être une bonne idée de les intégrer dans cette activité extra-scolaire.


À Marseille-Échecs, Lors de la fête de fin d’année, nous organisons un tournoi des familles, par équipe de 2 (parent/enfant), certains parents s’y sont mis à cette occasion et ont à cœur de ne pas se faire disputer par leurs enfants 😉


Les Échecs ont le pouvoir de nous faire sortir de notre zone de confort, nous dépasser, de nous remettre en question et évoluer !

La série diffusée par Netflix : The Queen’s Gambit fait un record d’audience et fait apparaître pour la première fois un nouveau visage à cette discipline. L’as-tu aimée et pourquoi ?

- Oui j’ai apprécié la série. A contrario d’autres œuvres cinématographiques, le jeu d’Échecs y est salvateur pour l’héroïne. Son profil et parcours laissent fortement penser qu’elle aurait dérivé vers des comportement borderline et excessifs dans n’importe quel autre domaine. Heureusement pour elle, elle est douée et sa passion la sauve. Les Échecs ont le pouvoir de nous faire sortir de notre zone de confort, nous dépasser, de nous remettre en question et évoluer !

Je doute fortement en revanche que l’accueil des jeunes filles et femmes dans les compétitions était si convivial et ouvert dans les années 60…mais c’est tant mieux si le grand public a cette vision-là !

L’équipe Championne de France en 2011 – Arkadij NAIDITSCH, Kamil MITON, Etienne BACROT, Laurie DELORME, Jean-Marc DEGRAEVE (capitaine), Andrei ISTRATESCU, Yannick GOZZOLI

 

Véritable phénomène de mode, un grand nombre de gens se sont remis à jouer ! Est-ce une opportunité pour les clubs de moderniser l’image du jeu d’échecs ?

- Attention à l’effet de mode. Même si la série a réussi à susciter un engouement qu’on n’avait pas connu depuis des décennies. Pour moderniser profondément le jeu d’Échecs, il faudra en rajeunir l’image et mieux fidéliser les jeunes adultes. Donner des perspectives aux personnes de se développer dans ce milieu et pour ceux qui voudront en faire une activité, de professionnaliser une filière, comme cela existe pour dans d’autres sports.

Pour moderniser profondément le jeu d’Échecs, il faudra en rajeunir l’image et mieux fidéliser les jeunes adultes.

À ton avis, 2021, l’année du jeu d’échecs ?

- J’ai le sentiment que oui ! Sans se limiter à une seule année, de manière plus large je pense que nous entrons dans une nouvelle phase pour le jeu d’échecs. Durant cette année de confinements successifs, les inscriptions sur les sites de jeux en ligne ont explosé. Les cours d’Échecs ont pu être maintenus en ligne et le suivi aura été plus simple que dans d’autres disciplines. Les élections permettront je l’espère l’arrivée à la fédération d’une équipe qui saura remettre les clubs au centre du développement du jeu d’Échecs, en les soutenant et favorisant les échanges entre dirigeants. A maintes reprises, et aujourd’hui encore, j’aurais aimé pouvoir trouver d’autres présidents de clubs vivant les mêmes difficultés et qui les auraient résolues !


 

Parcours et palmarès:


- Championne de France par Equipe avec Marseille-Échecs (Top 12) en 2011.

- Obtention du titre de Maître International Féminin de la Fédération International des Echecs en 2011.

- Joueuse professionnelle de 2006 à 2014

– Participation au National Féminin en 2008, 2013 et 2014.

- 7 participations au Championnat de France jeunes, Vice-Championne de France U20F – 2003.

- Participation à la Coupe d'Europe des Clubs avec Marseille-Échecs en mixte - 2011

- Membre de l’équipe de France : 2011 – Mitropa Cup mixte ; 2006 – Mitropa Cup joueuses ; 2002

Equipe de France Jeunes – Championnat du Monde U18F ; 2000

Equipe de France Jeunes – Olympiades par équipes U16.



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